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Le Titanic a sombré...

  • Pierre
  • 25 juil. 2015
  • 2 min de lecture

Qu’est-ce exactement, ce Queen Mary II ? On voit les images, on rêve… Des superstructures et des ponts magnifiques, des escaliers majestueux, des restaurants offrant des plats et des vins raffinés, un fumoir où des gens en smoking dégustent de fins cirages, un verre de cognac à la main, des concerts de harpe et de piano, luxe, calme et volupté. Mais le Titanic a sombré, de fait, pour le meilleur et pour le pire. Ici, pas de séparation de classe. Les pauvres immigrants ne sont pas enfermés dans les ponts inférieurs sans hublots, pendant que se pavanent de riches aristocrates dans des cabines et des ponts somptueux. Il y a bien sûr des suites hors de prix, et des restaurants réservés à leurs occupants. Mais leurs balcons donnent sur le pont fumeur et la musique permanente, pas très intéressante, doit leur casser les oreilles. Les ponts supérieurs sont accessibles à tout le monde, et si la tenue doit être « formelle », tout un chacun dégaine noeuds papillons et robes de soirée, pour la plupart achetés pour l’occasion. Où sont les aristocrates et les très riches bourgeois ? Apparemment, pas dans ce bateau. Ils parcourent plutôt les mers dans des yachts à moteur horribles, avec de belles filles ramassées sur le port, comme on peut le voir à Saint Tropez… Le Queen Mary, c’est la démocratisation de la haute bourgeoisie. Tout le monde peut acquérir ce statut, le temps d’une traversée. Mais l’ensemble, à y regarder de près, n’est pas de si bon goût. La galerie d’art propose des cerfs réalistes et des chevaux camarguais courant dans le soleil, comme les sérigraphies vendues à bas prix dans les campings de la côte. Les serveurs sont indiens, mauriciens ou coréens, et s’ils sont très stylés, n’ont pas l’air de hautains majordomes anglais. La violoniste du soir joue du french cancan, et le pianiste des morceaux de Chopin ou de Beethoven, comme dans les disques classiques de compilation grand public. En fait, si la compagnie s’accroche désespérément au dress code des soirées, c’est manifestement pour tenter de singer les anciennes grandes transatlantiques honteusement inégalitaires. Ici, tout le monde joue au Titanic, pour finalement pas très cher, et tout ceux qui acceptent ce bal marin costumé sont les bienvenus. Le service est impeccable, la cabine refaite deux fois par jour, les dîners habillés paraissent classe, la cuisine excellente, le confort complet. Mais le Titanic, et tout un art de vivre, ont sombré ensemble, dans la première moitié du XXe siècle. Doit-on le regretter ?

 
 
 

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